Il me suffit de toi (début) livre de poèmes à paraitre

Publié le par Yaacov Ben Denoun Yarcov

EXISTE-T-IL?

 

Existe-t-il un plus doux dessein que celui de te plaire,

De me laisser aller à des divagations,

De te chercher sans te languir?

Existe-t-il au delà de mes mains qui t'espèrent,

Un ailleurs des passions,

Un muret à franchir?

 

De qui apprend-on le plus,

De toutes nos vies vécues

Ou de nos vies à vivre,

Des élans imprévus,

Des désirs qu'il faut suivre,

De nos déconvenues?

 

Qu'attendre au bout du compte,

N'est-ce pas rien de le dire,

Autre chose que l'amour qui nous place dans le vide,

Cet amour que l'on dompte,

A coup de vains soupirs,

Qui se pare des atours de l'envie qui nous guide?

 

Je me parfume de ton regard

Et tes yeux me foudroient,

Tes bijoux, ton foulard,

Tes chapeaux à rubans,

Et le noir de ton fard,

Je dis à ton endroit

Que tout est important.

Existe-t-il un soir, un matin de guingois,

Qui ne soit fait par gloire un tant soit peu de toi?

Existe-t-il vraiment ce monde insatisfait,

Dans lequel tu n'es pas et jamais ne parais?

 

L'éternité persiste à m'indiquer le point,

L'indicible demeure de nos doigts qui se frôlent.

Pourquoi donc résister et prendre autant de soin,

A ne pas désirer le coin de ton épaule?

Il est temps que s'inscrive l'envers de ce temps là,

Je t'y retrouverai pour vivre de ton éclat.

 

 

 MALICIEUX

 

 

 

Tu réclames mes efforts,

Tu veux que je te plaigne,

Que je prie pour qu'alors,

Aucun mal ne t'atteigne.

 

Tu me prends à témoin,

Je suis subordonné,

A l'idée qu'en chemin,

De ce mal tu te fais.

 

Je t'écoute sans rien dire,

Je cligne parfois les yeux,

Ce calme ne peut suffire

A éclairer tes cieux.

 

Tu cherches mon secours

Un rien d'apitoiement,

Et je crie alentour,

Créant l'événement.

 

Ta plainte n'est pas muette

Telle n'est pas ta nature,

Si tu n'es pas parfaite

Comment t'en faire l'injure?

 

Accepte mon réconfort,

Je te l'offre d'emblée,

Pour conjurer le sort

Qui voudrait t'accabler.

 

Accepte mes mots sucrés

Et mes apaisements,

Ton bonheur m'est sacré

Ma paix l'est tout autant.

 

 

 

L'ESCALIER DU TEMPS

 

A chaque marche,

A chaque instant,

Revient l'image que tu aimes tant.

 

Ne se détachent

Les mots restants

Que pour la page que tu attends.

 

Et chaque pierre

Chaque galet,

Revient rouler dans ta mémoire.

 

Vent de poussière,

Vent vif ailé,

Pousse, pousse donc ta balançoire.

 

Tes cheveux roux,

Comme des broussailles,

Visage d'enfant qui tout attend.

 

Le gui, le houx,

L'heure des semailles,

Le bonheur est affaire de temps.

 

 

 

 

ILE DE LA CITE,

OU PEUT-ÊTRE ILE ST LOUIS,

 

 

 

C'était un soir d'été,

Ile de la Cité,

Ou peut-être Ile St Louis,

Sur des quais, délaissés,

A l'écart des badauds,

Des amuseurs de rue,

Des jongleurs, des Pierrots,

Des Colombines masquées,

A l'abri des regards,

Des paroles, des fumées,

Des bruits de la chaussée,

Des pavés poussiéreux,

Des rêveurs adossés,

Aux bancs, aux arbres hauts;

Protégés des lumières,

Des néons allumés,

Du halot en panache,

Des réverbères dressés.

 

Nous, promeneurs pensifs,

Ne faisant que passer.

Une feuille se détache,

Dans l'eau va un esquif,

Pas de voile, pas de mât,

Une coque près des récifs,

Près des rochers posés,

Sur le bord de notre île.

Des amis nous entourent,

Ils parlent à faible voix,

Ils suivent notre parcours,

Ils inventent une voie.

Tes yeux sont des miroirs,

Des cristaux qui scintillent,

Le silence s'y moire,

Le destin s'écarquille.

Tu chantes un air joyeux,

De jazz ou de musette,

Tu inclines la tête,

Ton sourire est soyeux,

Comme les papillons,

Qui tournent autour de nous,

Autour de ton ramage,

Autour des rouges lampions,

De la fête sauvage.

 

J'ai aimé ton regard

Posé sur mon prénom,

La clarté de ton fard

Apaisant, près d'un pont,

Près des berges de la Seine,

Des drapeaux, des flamberges,

Des jupes dansant dans l'air,

Des cheveux châtain clair.

On partage un instant,

Un mot de connivence,

Le temps parfois se tend,

Parfois cherche l'aisance,

On rapproche nos vies,

Sur un air de guitare,

Près d'un cracheur de feu

Qui dit qu'il est bien tard,

Qu'il faudra se hâter,

Qu'il est l'heure pour l'espoir

De pointer son cher nez.

On entame une fraction

D'éternité fébrile,

D.ieu sait qu'une attraction

Est un morceau de fil,

Que l'on tire, qui s'enroule,

Qui se noue, s'entortille,

On laisse fuser l'envie,

Cette lueur qui brille.

 

C'était un soir d'été,

Ile de la Cité,

Ou peut-être Ile St Louis,

Je ne m'en souviens jamais.

 

 

 

 

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